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Petit guide à l’usage des bipèdes et valides qui voient une personne en fauteuil roulant. (Partie 1)

4 novembre 2019 - Non classé

J’ai eu beaucoup d’échos de personnes en fauteuil roulant manuel qui expriment leur ras le bol, leur sentiment (légitime) d’humiliation, leur exaspération et surtout leur colère.
Quelle colère ? Celle de ne pas être écoutées, respectées alors qu’elles se promènent, font leur courses, vivent simplement leur vie.
Alors il m’est venu l’idée d’écrire à ce sujet.

Je n’ai que faire de froisser l’égo sensible des valides ou bipèdes.
Je m’en fiche en fait.
Avant de demander du respect, respecter les autres.
Mais j’ai pensé à vous quand même, je vais prendre quelques heures pour tout vous expliquer.
Après ça, vous n’aurez plus aucune excuses.

Première situation : Vous êtes le.a bipède assigné.e à pousser la personne en fauteuil.
Au début, c’est toujours difficile de s’accorder, de s’avoir comment, quand, quelle vitesse, etc. C’est normal. C’est comme dans une colocation à plusieurs, on doit toustes modifier nos modes de vie tout en respectant celles des autres.
Voici quelques points pour vous aider à vous accorder, et vous simplifier vos sorties.

  1. La communication.
    Il existe une multitude de façon de communiquer. La communication verbale est évidemment la plus utilisée, mais il y a pleins de situations durant lesquelles ce n’est pas possible.
    Lorsque je mets mon casque anti-bruit et/ou que je suis mutique, ma colocataire et moi-même avons trouvé des signes pour nous repérer.
    Une petite tape sur l’épaule, un doigt sauvage qui pointe l’article en rayon, la tête qui se tourne et suit une zone des rayon avec un mouvement…

    Evidemment, c’est pas en deux sorties que tout sera fluide, c’est long à se mettre en place. La fatigue, le manque d’habitude, les oublis… Ça arrive ! L’essentiel est de savoir accepter d’avoir tort, d’en discuter avec le.a concerné.e et de trouver un équilibre.

  2. La vitesse.
    Ce n’est pas parce que vous marchez vite que la personne en fauteuil aime aussi sentir l’air frais lui siffler les oreilles et les cheveux voler au vent.
    N’oubliez pas une chose, quand on marche vite, le corps se réchauffe avec l’effort physique. Nous, en fauteuil, on ne bouge pas, alors on a juste plus (+) de courant d’air.
    Donc essayez aussi de discuter sur les vitesses qui sont le mieux et selon l’environnement.

    Par exemple, dehors quand il fait bon, je m’en moque un peu. Dans les magasins, si je ne suis pas occupé avec mes mains, j’aime beaucoup les virages brusques (l’adrénaline tout ça). La vitesse rapide dans les magasins quand il y a peu de monde (pour aller au fond du magasin rapidement avant de passer en caisse, par exemple) je trouve ça amusant. Mais quand il y a foule, je préfère rester concentré sur mon portable ou une activité et donc c’est mieux d’aller plus doucement pour ne pas me faire une surcharge sensorielle.

  3. Les intéractions avec l’environnement et les gens.
    Lorsque l’on pousse une personne en fauteuil, on aurait plutôt tendance à lui parler en étant derrière lui, bien droit.e.
    Essayez de vous souvenir que la personne en fauteuil est plus basse (assise), concentrée probablement sur son environnement ou dans une activité (jeu, sms, couture…) et ne pourra pas forcément bien vous entendre.
    Le mieux généralement, est soit de vous baisser à hauteur d’oreilles et parler doucement, soit arrêter le déplacement, se mettre en face d’elle et lui parler. (Si la personne est okay avec ça, peut-être se baisser légèrement pour ne pas lui provoquer des douleurs à la nuque à regarder en l’air)

    Dans un magasin, lorsque vous proposez à la personne de choisir des articles dans un rayon, positionnez la en face de la zone, aidez la à se déplacer si elle en a besoin.
    Vous pouvez aussi l’approcher du rayon et la laisser se servir si c’est accessible et qu’elle préfère.

    Quand vous êtes en groupe, immoble ou non, et que la personne en fauteuil vous parle, que vous n’êtes pas la personne qui pousse, mettez vous plutôt devant que derrière. C’est très fatiguant de se demander si les gens sont assez proche et s’ils peuvent entendre, et de tourner la tête en arrière tout le temps.

    N’oubliez pas d’inclure tout le temps (sauf indications contraire) la personne en fauteuil, au groupe, aux explications.
    Je me rappelle une fois, la personne qui me poussait voulait montrer un paneau explicatif d’un lieu de promenade, donc elle et les 2 amis se sont réunis et elle m’avait laissé à l’écart, dos au panneau et à 2 mètres d’elleux, comme on laisse un caddie encombrant. C’était terriblement humiliant, et forcément, je n’ai pas eu droit aux explications du panneau.

J’ai donc cité 3 points essentiels, à l’heure actuelle en tout cas.
C’est pour cela que quand une personne me propose de me pousser, j’ai beaucoup de mal à accepter. À la fois, ça me permettrais de changer d’interlocuteurice et ça permettrais à mon moteur bipède de se poser, et pouvoir relayer.
Le problème, c’est que c’est long à mettre en place, s’accorder, se connaître.
Se mettre à la place de la personne en fauteuil est le plus difficile. Pourquoi ? Parce que les raisons pour lesquelles elle utilise des aides peuvent être multiples, et c’est pour cela qu’il est important de discuter entre la personne qui pousse et la personne en fauteuil !

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